mercredi 14 décembre 2016

10 Plares-formes d'intermédiation ?

Afficher l'image d'origineQuelques définitions ...

Les plates-formes d'intermédiation sont probablement une des manifestations les plus remarquables de ces dernières années de la révolution induites par les TIC. J'emprunte à l'Université Toulouse 1 Capitole la définition suivante
"Le site est une plate forme favorisant la rencontre entre une offre et une demande en diminuant significativement les coûts de transaction (B2B, B2C, C2C). L’opérateur tarifie le plus souvent la transaction".

Maintenant, si on lit bien la définition, les marchés sont depuis fort longtemps des plates-formes d'intermédiation ! Les TIC ne les ont pas inventées ! Et tac ! La place de marché rassemble des commerçants et des producteurs d'un côté, de l'autre les clients viennent acheter ce dont ils ont besoin. Et le gérant du marché empoche les droits auprès des commerçants. Selon Wikipédia, il s'agit de Marchés Bifaces :

La littérature économique ne propose pas de définition consensuelle de ce qu'est un marché bifaces4. Pour (Weyl 2010), les modèles fondateurs comportent trois caractéristiques essentielles : 
  1. Ils étudient une plate-forme, qui propose des services différents à deux faces (ou côtés) du marché, proposant à chaque côté un prix qui lui est propre (exemple : un journal vend du contenu au lecteur et des espaces publicitaires aux annonceurs).
  2. Le marché présente des effets de réseau croisés (ou externalités croisées) : l'utilité qu'un agent d'un côté du marché retire de sa participation au service offert par la plate-forme dépend du nombre de participants de l'autre côté du marché, nombre qui dépend lui-même des décisions de prix de la plate-forme.
  3. La ou les plates-formes jouissent d'un pouvoir de marché bilatéral : elles décident du prix demandé à chaque côté du marché et fixent le plus souvent des prix uniformes (le prix est le même pour tous les agents d'un côté donné du marché). 
L'absence d'une de ces caractéristiques permet généralement de se ramener à des situations où la dimension bifaces est peu pertinente (réseau simple, monopole vertical ou distributeur).

Et les TIC dans tout ça ? 

L'essor d'internet, du WEB, a permis un développement exponentiel des échanges B to C dans le monde virtuel. Les plates formes de Uber, AirBnB, Blablacar, Leboncoin, booking.com et une foultitude d'autres, s'adressent à des millions de personnes.
Ces plateformes permettent de mettre en relation quasi instantanément un demandeur et un offreur, où qu'ils soient, et en fluidifiant les transactions. Du coup les coûts de transaction deviennent très faibles.

Les conséquences économiques

Elles sont multiples. Certaines sont manifestement bénéfiques. Des sites comme Blablacar ou Leboncoin, en permettant le covoiturage ou la réutilisation de biens dont on ne veut plus, contribuent à réduire le gaspillage de ressources. Fini les attentes au bord des routes à attendre vainement un taxi libre : gain de temps. On sent bien quelque part que la productivité des échanges augmente, même si les économistes n'arrivent pas à la chiffrer ou en doutent.
Mais n'est-ce pas la façon de compter qui est en cause ? La productivité (du travail) est mesurée la plupart du temps, surtout en macro-économie, en faisant le ratio du montant monétaire des produits ou services vendus, sur les coûts salariaux. Or avec les plates formes d'intermédiation comme airbnb, leboncoin, blablacar, on se retrouve dans une sorte d'économie grise imparfaitement comptabilisée. 
Individuellement, c'est comme si le pouvoir d'achat était augmenté sans que les revenus le soient.
De quoi bluffer les indicateurs nationaux.

Les conséquences sociales

Uberisation ? Mort des intermédiaires ? Ce paragraphe est moins réjouissant que le précédent.
De fait les plates-formes d'intermédiation rendent obsolètes certaines fonctions d'intermédiaires : les courtiers sont à la peine, les agences de voyage, les agences immobilières, des commerces, des sociétés de services, des compagnies de taxi sont menacés d'extinction. Seuls survivront ceux qui seront capables d'apporter une réelle valeur ajoutée à leurs clients.
Les plates-formes favorisent et même vivent sur l'atomisation des prestations et des prestataires de services. Le prestataire est seul, jouissant d'une autonomie souvent factice, et souvent dépendant à l'excès d'une plateforme d'intermédiation : celle-ci dicte sa loi ... et les tarifs.
Cet aspect a bien été décortiqué à propos d'Uber pop et de plateformes d'intermédiation pour des livraisons ou des courses. Des salariés, protégés par les lois et le code du travail, se retrouvent "indépendants" : c'est de fait la précarisation qui s'accroit.
Mais le pire n'est jamais sûr : on est dans une situation où l'essor des techniques induit un bouleversement sociétal profond. Or les sociétés mettent du temps à s'adapter : après la révolution industrielle, il a fallu des décennies et bien des luttes sociales pour qu'un certain équilibre soit instauré dans les relations entre patronat et salariat.
Il est possible qu'il faille moins longtemps pour réguler le jeu des plateformes d'intermédiation : j'en veux pour preuve les mouvements sociaux récents de chauffeurs ou de livreurs et un certain nombre d'arrêts de justice, aux USA ou en France sanctionnant des abus manifestes de position dominante.
Qui vivra, verra ...


Quelques liens concernant les modèles économiques des plateformes d'intermédiation :
Les Critères de Réussite des Plateformes d’Intermédiation Entre Particuliers
Les nouveaux business models de l'intermédiation