jeudi 25 janvier 2018

15 Peigner le mammouth

J'ai déjà eu l'occasion d'écrire que la révolution technologique actuelle,  - informatisation + robotisation - allait bouleverser la société probablement encore plus que la première révolution industrielle. Non seulement les modes de production et d'échanges changent, mais le changement lui-même s'accélère. Là où il fallait une génération pour qu'un changement s'installe, c'est en quelques années que des emplois se créent puis sont détruits.
Aujourd'hui et demain, ce sont des emplois intermédiaires qui sont massivement détruits : dans les banques et dans nombre de services.  La destruction d'emplois n'épargne pas non plus des emplois relativement peu qualifiés comme ceux de caissier dans la distribution, d'agents des postes.
Il est clair que le chômage massif actuel ne se résorbera pas sans une révolution dans les modes d'organisation du travail et de redistribution des revenus. Mais ce blog n'est pas trop le lieu pour développer ces points.
Là où en fait je voulais en venir, c'est qu'il est de plus en plus vain d'espérer que les formations collèges-lycées fournissent un bagage qui suffira pour s'assurer un métier durable.
Il faut surtout aider les lycéens à acquérir ce qui leur permettra de s'adapter, de se former plus tard plus spécifiquement. Plutôt que transmettre un savoir, apprendre à apprendre, à conceptualiser, à trouver les informations, et les organiser. Plutôt que de remplir les têtes avec des dates, des anecdotes, des recettes de cuisine, apprendre à apprendre, apprendre à structurer une pensée.

Je ne veux pas dire par là qu'il faille négliger les compétences de base comme le français, le calcul : aujourd'hui bon nombre d'élèves qui arrivent tant bien que mal au collège, puis au lycée ont des lacunes énormes dans ces matières, ce qui obère complètement la suite de leurs études. C'est l'une des faillites de notre système éducatif, qui loin d'estomper les inégalités entre élèves, a tendance à les aggraver. L'essentiel se joue dès la maternelle et en primaire, Mais cela mériterait beaucoup plus qu'une page dans un blog, et je ne me sens pas vraiment qualifié pour cela.

 Quoi qu'il en soit, et en supposant cet énorme problème résolu, en secondaire, plutôt que transmettre un corpus plus ou moins clos, il faut en donner le squelette et apprendre aux étudiants à ajouter eux-mêmes la chair autour de ce squelette. Aujourd'hui tout est en ligne ou presque. Encore faut-il savoir le trouver : bien utiliser les moteurs de recherche (un sous-produit de l'IA, certes), trier le bon grain et l'ivraie qu'ils permettent de ramener.
Apprendre à raisonner sans s'enfermer dans une discipline, ce qui suppose développer l'interdisciplinarité malgré les fortes réticences du corps enseignant, figé dans un découpage en disciplines qui s'ignorent largement. Apprendre à raisonner tout court et à comprendre le nécessaire mouvement dialectique de la pensée, apprendre aussi à construire des analogies fécondes.
L'urgence est là, mais sa perception semble faible, à voir les évolutions des programmes passées et prévues.