vendredi 17 mars 2017

12 G9+ Travail 4.0 Un peu bizarre


La rencontre annuelle du G9+ cycle RH était consacrée à l'impact de la "révolution numérique" sur l'emploi. Des exposés aux thèses un peu contradictoires, sans qu'il n'y ait vraiment débat, ni à la tribune, ni dans la salle.
Ça commençait bien - de mon point de vue -. Yves Caseau, dans l'exposé introductif, expliquait comment la plupart des emplois actuels seront supprimés ou au moins impactés par le développement des TICs et de la robotisation. Plates-formes d'intermédiation (voir article antérieur), développement de l'IA dans plein de secteurs, comme la médecine, la justice et évidemment les banques. Il est bien placé pour en parler : il a fait ses débuts dans l'IA - c'est d'ailleurs à ce moment là que je l'ai connu -.
Pour lui, seuls les métiers de proximité (quasi physique, comme par exemple les aides à la personne) pourront se développer. Aujourd'hui, d'un point de vue économique, ils sont souvent mal rémunérés, mais restent cependant trop chers pour ceux qui pourraient ou voudraient y faire appel. Sa solution ? Quelque chose qui ressemblerait au revenu universel, qui permettrait d'en abaisser le coût, si j'ai bien compris.
Après ça se gâte. Quelques exposés que je qualifierais de classiques mais intéressants. 
Mais aussi une intervention étonnante de l'observatoire de l'ubérisation, du vrai lobbying pour les plates-formes : impasse quasi-totale sur le sort des ""indépendants"" travaillant pour certaines de ces plates-formes (UBER au hasard) qui se retrouvent en situation de quasi-monopole et imposent leurs tarifs. Impasse également sur le type d'emplois créés (manutentionnaires, livreurs) et sur ceux qui sont corrélativement détruits par des plateformes comme Amazon.
À mon sens, le clou, c'était le speech décoiffant de Jean-Marc Daniel, célébrant la fin du salariat et le retour au tailleur de pierres de l'ère préindustrielle : il vendait directement ses services à ses clients maîtres d'ouvrage. Plus de patrons ! Des clients exigeants, si bien que la pression pour travailler est intériorisée par le "travailleur indépendant". Une vision purement micro-économique qui fait l'impasse sur la précarisation des travailleurs et la déqualification du travail. Si c'est la vision qu'il inculque aux élèves de Centrale, je suis inquiet pour l'avenir de notre société.
Dernier acte, la parole aux (principaux candidats) :
  • l'équipe de Hamon avait décliné pour je ne sais quelle raison
  • l'équipe Fillon avait délégué un chef d'entreprise qui n'a parlé que du salut pour la France que devrait apporter le développement de la filière numériqu
  • par contre on a eu droit à une vidéo de Macron, brillante, mais j'ai oublié ce qu'il a dit. Ensuite en 5 minutes, une responsable de son comité de campagne a tenue a dévidé en vitesse accélérée tout ce qui dans le programme de son candidat traitait, de près ou de loin, au numérique. Quasiment rien par contre sur la lutte contre le chômage, ou sur la modification de types d'emploi, liés au développement du numérique.