Quel qu’en soit le côté un peu narcissique, il ne me semble
pas inutile de faire un petit détour autobiographique.
Tout jeune, ma passion constructive transformait les
puzzles à cubes en murailles cyclopéennes. Par la suite jeux de dominos et de
cartes me servaient à élaborer autoroutes aériennes, fragiles châteaux.
L’apothéose en quelque sorte : un prix à La Baule pour
un château médiéval.
Mais la construction des châteaux de sable me fut riche d’enseignements :
· Fragilité de toute construction humaine, soumise
aux marées mais aussi au vent, au soleil, à la pluie
· Indifférence voire malignité humaine : « désolé,
j’avais pas vu » ; « c’est la faute au ballon » ; mais
aussi méchanceté pure et rage de détruire l’œuvre des autres.
Après d’aussi bons débuts, ma voie était toute tracée. Après
la parenthèse de mai 68 (qui me vit édifier nombre de gradins dans les salles
de classes transformées en amphithéâtres où les AG reconstruisaient le monde,
jour après jour) j’entrais dans la vénérable École Nationale des Ponts et
Chaussées.
Mais dès la première année, en 70, je découvrais la
programmation avec l’archaïque et foutraque Fortran II, puis le Basic au GOTO
machiavélique, et par la suite l’ésotérique Algol 60, le décevant Pascal …
Quelle extase néanmoins ! Les poutres en béton calculées en quelques
minutes, après des heures à puncher des cartes et à attendre le verdict du
compilateur (toujours à râler).
En troisième année je choisissais l’option Recherche Opérationnelle
et Informatique.
Le stage de fin d’étude (à 3 en quelques mois) ne consistait
pas moins qu’à définir un nouveau langage graphique interactif et interprété,
puis à réaliser son compilateur-interpréteur. Nous réussîmes !
La
démonstration était faite en particulier en animant les automates de Von
Neumann.
Mais auparavant il nous fallut maîtriser les arcanes de la
BNF, des matrices de Griess et des automates à états finis. Et puis aussi le « système »
de l’IBM 1130 de l’ENPC auquel nous tenions compagnie la nuit : nous dûmes
réécrire le driver de disques du fait de l’exiguïté de la place sur disque (l’équivalent
de 2 Mégaoctets, soit moins que la plupart des mémoires vives actuelles) qui
nous servait de Swap pour nos programmes : 32Kmots de 16bits, on en voit
vite le bout ! Le tout avec l’élégant macro-assembleur de l’IBM.
Dans le même temps, la naissante IA me fascinait de plus en
plus : le Golem ne pouvait se concevoir sans un minimum d’intelligence !
Jusqu’où pouvait-on aller dans la création de robots aptes à nous remplacer ?
Après avoir été tenté par les prestigieuses universités
américaines, je décidais de faire un DEA à ParisVI avec Jacques Pitrat et
Jean-Claude Simon, puis une thèse en démonstration automatique de théorèmes en algèbre
de 73 à 75.
Pendant mon DEA, je travaillais également à mi-temps dans
une SSII, le CERG, qui travaillait en particulier pour des aménageurs comme la
SCIC (Caisse des Dépôts), des cabinets d’ingénierie comme la SERETE. C’est d’ailleurs
pour ce cabinet que j’y accomplis un de mes « faits d’armes » :
je parachevais l’écriture d’un programme de tracé automatique de graphes
Pert/Potentiel pour table traçante Benson. Il avait été commencé par un de mes
camarades de promotion, sur la base d’écrits américains, mais était resté en
chantier.
Le succès fut total : après quelques mois, une équipe de 20 dessinateurs-projeteurs fut dissoute ! (Que les âmes sensibles se rassurent, la Serete était en expansion et leurs talents furent utilisés à d’autres tâches de dessin).
Le succès fut total : après quelques mois, une équipe de 20 dessinateurs-projeteurs fut dissoute ! (Que les âmes sensibles se rassurent, la Serete était en expansion et leurs talents furent utilisés à d’autres tâches de dessin).
Bon ! La suite au prochain numéro : après une
année passée au Cinquième Génie, EDF-RTE-EDF.
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