jeudi 6 février 2020

20 Mi-ange mi-démon !

Mi-ange, mi-démon, comme toutes les technologies

6 mois déjà que je posais la question en évoquant des applications marquantes de l'IA et des TICs.
J'ai désespérément chercher quelque chose d'original à écrire : rien !
Ou plutôt, une évidence : les technologies ne sont pas bonnes ou mauvaises en soi : elles sont ce qu'en font les hommes. La fission nucléaire par exemple : on l'a utilisé pour faire des bombes et des réacteurs nucléaires pour produire de l'électricité. L'équilibre de la terreur a rangé les bombes dans les silos, au moins jusqu'à maintenant. Les réacteurs nucléaires continuent à produire leurs déchets radio-actifs et à fournir une électricité décarbonée (en faisant abstraction de la construction des centrales).
Reprenons certaines des "avancées" que nous avons évoquées dans l'article précédent.

Numérisation des services publics

Un gain de temps certain pour ceux qui savent bien se servir d'un ordinateur, un casse-tête pour les autres.  Une accélération, mais aussi des économies dans les traitements des dossiers si cela se traduit par des compressions de personnel. À moins que pour l'on décide de renforcer des accueils "humains" dans les services publics ou au moins de créer un "service public d'aide aux démarches". C'est un choix politique : en France on n'en prend pas le chemin, sauf dans certaines communes.

Robotisation dans l'industrie

Là encore, économie d'ouvriers, gain de productivité par employé, moins de pénibilité pour ceux qui restent. Se pose la question du partage de le rente au niveau micro-économique de l'entreprise et macro-économique des nations. Masse salariale en baisse, gains pour le capital, du moins dans l'économie "libérale" qui est la notre. Là encore, choix politique du partage de la rente ou des revenus.

Plate-formes d'intermédiation

Elles sont de tous les types et leur nombre explose.
Certaines paraissent au premier abord, un vrai progrès pour développer une économie circulaire ou au moins limiter le gaspillage des biens. LeBonCoin et les autres. Mais elles peuvent avoir aussi des effets négatifs, en particulier quand il s'agit d'offres de service : développement du travail au noir, concurrence déloyale de l'artisanat.
Un peu comme ce qui se passe avec des plate-formes comme AirBNB : une bonne idée a priori, sauf qu'elle contribue un peu partout dans le monde à la spéculation immobilière en centres ville et permet des revenus non assujettis aux taxes ou cotisations. Sauf si le "politique" parvient à encadrer cet usage, et introduit des modes de régulation, ce qui arrive progressivement en France ou ailleurs. Choix politiques ici aussi. 

Uber, Amazon

Uber restera dans l'histoire, certainement, plus par le terme "uberisation" que par les services rendus via la plate-forme : des hordes de chauffeurs ou de livreurs "micro-entrepreneurs", en fait des prolétaires mal payés, des journaliers ou des tâcherons, sans protection  sociale et avec l'angoisse du lendemain ou de la maladie qui les privera de tout revenu. Là aussi, évidemment, un problème de rapport de forces politique...

Le géant Amazon, dans sa partie commerce, crée aussi des hordes de livreurs et de magasiniers pour remplacer les employés du commerce qui périclite en centre-ville ou ceux des grandes surfaces qui faisaient leur beurre à la périphérie. Pour l'instant Amazone crée effectivement des emplois mais travaille à fond pour automatiser ses dépôts et et créer des robots ou des drones de livraison autonomes, qui lui permettront de réduire sa main-d’œuvre. Là aussi il y a des choix politiques à faire, au moins pour rendre la concurrence plus loyale en améliorant le statut des livreurs, en améliorant le rapport de force entre Amazon et "ses" producteurs au profit de ces derniers, en renforçant l'attractivité économique des commerces traditionnels...

Reconnaissance automatique des visages, des expressions, des plaques d'immatriculation...

La reconnaissance des formes a fait d'énormes progrès.
Là aussi, ce peut-être la meilleure et la pire des choses : aggravation ou amélioration (?) du contrôle social et de la détection des déviances, au volant par exemple... À chacun de juger mais la législation en Europe et en France nous protège pour l'instant des excès.

Véhicules et robots autonomes, pilotage automatique... 

Livreurs robotisés, trains, avions sans conducteurs et sans pilotes : plus de régularité, moins de grèves. On verra comment ça tourne et au profit de qui.
Mais les robots tueurs, c'est autre chose, et même si les employés de Google ont refusé de travailler sur les armes, il y aura de nombreux docteurs Folamour pour le faire.
C'est déjà en œuvre :  les drones tueurs sont déjà semi-autonomes et dotés de capacités de reconnaissance des formes.

Exploitation des données personnelles

Là des choix européens et français, assez exemplaires... au moins sur le papier. Car les moyens réels de savoir ce que fabrique les GAFAM avec les données que nous leur confions, plutôt contraints et forcés, et les moyens de peser pour qu'ils respectent une certaine déontologie, sont faibles. Et Trump saura les protéger.

La morale de cette histoire, la notre... n'est pas encore écrite !

L'ultime espèce invasive, nous-mêmes, réussira-t-elle à éviter de s'autodétruire, avec son éco-système, la terre ? Notre capacité d'adaptation semble désespérément plus lente que l'évolution de notre technologie. Par exemple, nous sommes entrés dans un ère d'ubiquité virtuelle et de communication instantanée : saurons nous les vivre au mieux ?
Et même nos règles et nos lois arrivent toujours bien après les innovations techniques qui bouleversent nos équilibres sociaux. Et la maturité politique ne semble pas au rendez-vous.

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